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On y était : Pulp à l’Olympia

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Pour les Parisiens, c’est la fin de la fête. Pas n’importe comment : en apothéose, en bouquet final, dans le noble cadre de l’Olympia, avec le groupe que plus personne n’attendait mais que, depuis des semaines et l’annonce (à puissance mystique d’Annonciation) de sa venue, beaucoup attendent avec des cœurs dans les yeux et du baume à l’âme : Pulp.

Et avant les réjouissances de Jarvis et des siens, une petite claque, cinglante et cold, et une jolie logique : Tristesse Contemporaine vient, pendant 45 trop petites minutes, offrir à la soirée un peu du noir que Pulp a largement mis de côté avec le surgissement du succès et la reformation. Car s’il y a un gros soupçon de Joy Division, et surtout pas mal de modernisme dance et sonique, il y a aussi un peu de Freaks, de la période sombre et raide de Pulp dans le set du trio, un peu du grotesque des débuts du groupe de Sheffield dans l’étrange masque Donniedarkesque que porte le chanteur dandy.

L’Olympia, très trentenaire et propre sur lui en attendant ses héros, reste d’abord un peu coi. Mais le groupe fait grimper ses morceaux dans de longues vagues kraut, les fracasse dans le son, les allonge dans le temps, les électrise, les amplifie, les fait danser dans l’étrange ; l’accueil se réchauffe petit à petit, les esprits avec, les corps ne sont pas en reste.

Tout s’échauffe aussi avec le son de soucoupe volante qui prend l’Olympia au bide, en infra-basse, cinq minutes avant l’entrée en scène de Pulp : ça commence, déjà, à hurler. Ce n’est pas fini – ça n’a d’ailleurs même pas encore commencé. « Faites du bruit » demandent des lasers un peu incongrus : l’hystérie débute. Par Do you Remember The first Time ? : premières danses sexuelles d’une endive phallique en forme olympique, premiers lancers de hanche, premiers jeux de doigts interminables, et premier earthquake à l’Olympia, qui ne cessera plus de trembler, de fond en comble.

Pink Glove, puis Razzmatazz, interludes drolatiques en français inclus, le tout avec le gros son professionnel du Pulp bien rôdé des dernières années : on est bien. Something Changed, on est mieux. Disco 2000 (« Peut-être pensée après une visite à la Locomotive en 1991″, précise Cocker, nostalgique) et la fosse entière, en chœur et en masse, se met logiquement à bondir.

Sorted Out For E’s & Whizz, Acrylic Afternoon : c’est un best-of ultra-pop dans une liesse générale, une petite culotte vole, Cocker déchaîne ses pas, ses gloussement, ses déhanchés. Le show est un vrai show ; et il est plutôt impeccable.

Babies, version rêche et sautillante, « jouée ici en 1889″ se marre Cocker (en français dans le texte), relance s’il le fallait le gymkhana de la fosse, qui chante comme un seul homme et une seule femme, forcément amoureux. Help the Aged, impeccable, sort le groupe de sa période His’n’Hers / Different Class ; et résonne d’autant plus fort que ceux qui l’entendent et la chantent, ce soir, se sont inéluctablement rapprochés de la maison de retraite depuis la parution du single. Puis This Is Hardcore, en peep-show suintant, grimpé sur un mur d’enceintes puis sur la largeur d’une scène transformée en lit Queen Size et trempé de liquides divers, pour faire pousser les hormones d’un public déjà bouillant, puis Sunrise, nouvelle aube radieuse, sur le concert qui, nourri par les claps, pourrait a priori durer encore deux ou trois heures.

« La vie est pleine de risques, finissons ce set avec une chanson que personne ne connaît ». Sauf que Common People, les gens connaissent apparemment pas mal, par cœur et par chœur : furie dans l’Olympia, dont le plancher semble menacer de craquer sous les bonds des chairs, dont les chants pourraient pousser les murs. Sincèrement : incroyable.

Premier rappel : Countdown, rare. Back to 1991, quand le groupe pensait déjà à 2012 : tout fait sens et la boucle, infinie, ne se bouclera jamais, et les cœurs ne s’en plaindront pas. Puis, avant un Mis-Shapes énergétique et un dernier au revoir avant le couvre-feu, Little Girl (With Blue Eyes) : enfin, Pulp regarde l’intégralité de son passé, surf platiné et années de vaches maigres, dans les yeux. Et, ce soir à l’Olympia, il n’a jamais paru si grand.

Thomas Burgel, photos Pierre Le Bruchec


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